Saint Rémi

Son origine et sa formation

Saint Rémi naît vers 437/439 et grandit dans la région laonnoise (entre Laon et Reims), selon ce qu’indiquerait son testament (écrit vers 530-535), puisqu’il mentionne des propriétés familiales dans la montagne de Laon-Cerny en Laonnais. Sa formation fut celle d’un futur clerc, avec une culture juridique, un talent poétique, etc. « Ses parents le confièrent à une école, pour qu’il y apprenne à lire ; en peu de temps, il devint meilleur par sa connaissance du catéchisme que les enfants de son âge, supérieur même à ses aînés. Il avait soin d’éviter (…) les lieux fréquentés par une foule nombreuse (…) et de servir Dieu dans la retraite d’une vie solitaire » (Vita Remigii, 262, 30- 263, 1-4 cité par M-C Isaïa, Rémi de Reims, Paris, Cerf, 2010, p.64). Toutefois, dans une lettre écrite à Falcon, évêque de Maastricht, st Rémi témoigne : « l’expérience de la vie a été mon meilleur maitre ».

Un épiscopat traversé par de profonds bouleversements

Vers l’âge de 14-15 ans, il est contemporain de l’invasion des troupes d’Attila jusqu’à Orléans, épargnant Laon et Reims. C’est donc dans un contexte marqué par de profonds bouleversements -tant sur le plan culturel, politique, social que religieux- qu’il fut élu à l’épiscopat, entre 459 et 461, à l’âge de 22 ans. Quelques années, plus tard, il est témoin de l’effondrement de la chute de l’Empire romain, vers 476, et de l’expansion d’autres cultures (Francs, Wisigoths, etc.) sur le continent européen. C’est pourquoi, dans ce contexte de vide institutionnel, l’évêque de cette époque assure aussi, en différents lieux, des fonctions administratives au service de la vie de la Cité. Sur le plan ecclésial, saint Rémi dut également faire face au péril de l’arianisme (niant la réalité divine de Jésus-Christ), menaçant ainsi l’orthodoxie de la foi chrétienne. En tout cas, son épiscopat fut particulièrement long : 74 ans, selon son biographe Hincmar, rejoignant ainsi les informations d’un autre historien du Moyen-Age Grégoire de Tours.

Rémi et Clovis

Globalement, l’histoire de son épiscopat est pauvre en sources écrites historiques, à part l’événement du baptême de Clovis, source de nombreux débats historiques (en prenant comme point d’appui l’auteur de la biographie historique de référence sur Clovis (M. Rouche, Clovis, Paris, Fayard, 1996), Michel Rouche, décédé récemment, professeur émérite de l’université Paris IV Sorbonne, mais aussi figure intellectuelle catholique particulièrement investie dans la pastorale familiale) et d’enjeux de mémoire jusqu’à la célébration en 1996, à l’occasion de la venue de Jean-Paul II en France. Effectivement, les dates du baptême de Clovis oscillent entre une date haute (496/498, suivant Grégoire de Tours) et une date basse (506/508). Pourquoi ce baptême a-t-il été célébré à Noël ? Selon certains, pour des raisons théologiques : Noël étant la fête de l’Incarnation, c’était ainsi l’occasion d’affirmer la vérité sur l’identité de Jésus, vrai Dieu, vrai homme. Selon d’autres, pour des raisons pratiques : entre autres, les guerres n’ont, le plus souvent, pas lieu en hiver, mais elles reprennent au printemps. En tout cas, dès 481, st Rémi écrivit une lettre à Clovis, lui donnant des conseils relatifs aux vertus politiques dans l’exercice d’une autorité politique, et aussi en appuyant la légitimité du pouvoir politique de Clovis, montrant ainsi que les deux hommes se connaissaient bien, ce qui fait dire à certains historiens (comme Marie-Céline Isaïa) que ce baptême célébré par Rémi « conclut une histoire personnelle d’amitié avec l’évêque qui dure depuis plus de 30 ans » (ibid., p.164) et c’est vrai que cet événement du baptême de Clovis entraîna de nombreuses conséquences spirituelles pour le royaume des Francs -et donc pour la France- et aussi d’autres conversions chrétiennes dans les royaumes voisins.

Rendons grâce, pour saint Rémi, d’avoir accompagné Clovis et célébré son baptême, fruit de nombreuses grâces pour la France et accueillons l’interpellation de st Jean-Paul II, lors de son 1er voyage dans la patrie de l’évêque de Reims : « France, qu’as-tu fait de ton baptême ? ».

Photo de Tony Bowden (Source Wikimedia: http://www.flickr.com/photos/tm-tm/6272899264/in/set-72157627959043766) : Baptême de Clovis 1er, roi des Francs, par St Rémi, représenté derrière la Basilique Saint Rémi à Reims (1896).

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