L’Annonciation, source de notre espérance

L’Annonciation, source de notre espérance

« Sois sans crainte, Marie »

A Nazareth, face au bouleversement de la Vierge, l’archange la rassure : « sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1, 30). Effectivement, l’ange accueille la crainte de Marie par rapport au projet de Dieu sur elle ; il l’aide à la dépasser en lui annonçant qu’elle est comblée de grâces, c’est-à-dire qu’elle est habitée par la grâce divine : autrement dit, Marie est pleinement habitée par l’amour de Dieu. Et lorsqu’ on se sait aimé, Dieu nous rend effectivement capable de beaucoup de choses et de traverser bien des événements : tel est le dynamisme de la vertu d’espérance, que nous avons reçue depuis notre baptême.

« Priez, mes enfants »

A l’île Bouchard, en 1947, nombreux furent les Français à avoir peur. Dans ses mémoires, le président socialiste Vincent Auriol rapporte les échos de son ministre : « le ministre de l’Intérieur, Jules Moch, dit que depuis deux jours des atteintes à la liberté du travail e t des actes de sabotages se multiplient. L’action du parti communiste se raidit, et tend avec évidence à l’asphyxie des villes et à l’usure du gouvernement. Il faut réagir ». (V. Auriol, mon septennat 1947-1954, Paris, 1970, p.86). Bien loin de Paris, après une 1ère apparition silencieuse, en Touraine, le lundi 8 décembre, vers 13H, la Vierge Marie, percevant la situation, exhorte ainsi les 4 petites fillettes, à 14H : « dites aux petits enfants de prier pour la France car elle en a grand besoin ». Puis « donnez-moi votre main à embrasser » et donne RV à 17H –la 3ème rencontre reste silencieuse-. De même que Marie a vécu la consolation de l’archange Gabriel, à l’Annonciation, lui annonçant qu’elle était comblée de grâces, de même, à son tour, Marie, dans son corps glorieux, témoigne que les enfants sont également habités par la grâce de Dieu, à travers ses nombreux témoignages d’affection maternelle à l’attention des fillettes et à travers son enseignement sur la puissance de la prière, pouvant atténuer voire bien faire reculer des dangers. C’est ainsi que le président Vincent Auriol témoigne dans ses mémoires de la soudaine reprise du travail, lors d’un coup de fil du syndicaliste CGT Léon Jouhaux, le mardi 9 décembre, à 21H, et donc de la fin de la décision de mettre fin à la paralysie du pays. Tout au long de ce jour, lors des 3 apparitions de ce mardi,  Marie invite à embrasser « la croix de [son] chapelet » ; à prier « pour la France qui, ces jours-ci, est en grand danger », à demander une prière communautaire, en invitant le curé et « la foule et les enfants pour prier » ; à commencer un « Je vous salue Marie », puis à le chanter, suivi d’ une dizaine de chapelet, concluant, à 3 reprises, avec l’invocation « O Marie conçue sans péché », à trois reprises. Et les enfants ont ainsi accepté de se laisser conduire par la pédagogie de Marie, expérimentant la force et la fécondité de la prière.

« Quand vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerre, ne vous laissez pas effrayer ; il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. (Mc 13, 7)

Un des grands messages de Notre-Dame de la prière est de nous plonger dans la prière, non pas pour fuir le réel avec ses épreuves, à la façon d’une autruche, mais pour bien fixer notre regard sur Jésus. Demeurer ainsi en Jésus ne nous épargne certes pas des épreuves : c’est pourquoi nous les accueillons spontanément avec nos émotions, quelles qu’elles soient, dans un 1er temps. En revanche, dans un second temps, le recours à la prière nous permet de demeurer en Jésus et de rester libre dans nos actes, à la différence de la peur qui, au contraire, nous paralyse ou nous fait perdre nos moyens.  Dès lors, c’est en se rendant présent à sa présence, que Jésus nous donnera, à chaque instant, les lumières nécessaires pour éclairer notre intelligence et la force requise pour traverser les épreuves. Ainsi se déploie  tout le dynamisme de la vie théologale, offrant des grâces de paix et de confiance, puisque l’horizon pour nous demeure la vie éternelle, qui a déjà commencé. Suivons donc les conseils de Notre-Dame de la prière : prions progressivement jusqu’à un chapelet, petit à petit, en n’oubliant pas d’embrasser la croix du chapelet, c’est-à-dire en consentant à nous unir au mystère très fécond de la Croix glorieuse.

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